mardi 7 février 2017

Chamfort (Sébastien-Roch Nicolas, pas Alain) aujourd'hui

Eric Chevillard, L'autofictif à l'assaut des cartels,
L'Arbre vengeur, 224 pages, 15 €
" Longtemps j'ai voyagé au bout de la nuit. "

" Les tsunamis de mes kamikazes sont mes amis. "

" C'est le seul moyen de fuit la société en faisant bonne impression, aussi je ne la laisse à personne : la vaisselle. "

" Sur quel terrain se battront à armes égales Kasparov et Kalachnikov ? "

" Mon plagiaire a fait mieux que moi comme le prouvent ses ventes encore inférieures aux miennes. "

" La chat a des moustaches en fil de pêche. L'hameçon est au bout de sa patte. Il ne manque pas non plus de patience. Mais sa queue d'anguille reste insaisissable. "

lundi 6 février 2017

Une rencontre remarquable



Pour brosser les portraits de Charlotte Delbo, Germaine Tillon et Milena Jesenkà,  Jacqueline Bourgeade (à droite sur la photographie), Catherine Delisle-Pelletier (à gauche) et Milie Moratille (au centre) s'étaient donné rendez-vous à la librairie A la Page.

Elles furent écoutées par un auditoire aussi attentif que nombreux, qui apprécia leur façon de marier la ferveur et l'érudition.
Quelques preuves photographiques réunies par Daniel De Meerleer et un grand merci à toutes et à tous :


 
 


 

 

dimanche 5 février 2017

Retour en Bourbonnais

Harry Alis, Petite ville,
Pré-Textes, 264 pages,  18 € 
" Il s'agit d'un roman sous forme de lettres.
Le narrateur, écœuré  de l'existence parisienne, revient en Bourbonnais, son pays natal. Il veut changer ses habitudes et observer la vie provinciale. Il s'installe donc dans un hôtel de Larcy (Lurcy-Lévis) et, presque chaque jour, il écrit à son meilleur ami. "
Ainsi les éditions Pré-Textes présentent-elles par la voix de Simone Raynaud,  Petite Ville (1886), roman d'un auteur tombé dans l'oubli : Harry Alis, nom de plume d'Hypolite Percher.
Journaliste et écrivain, Alis/Percher naquit dans l'Allier en 1857 et mourut en 1895 sur l'île de la Grande Jatte, rendue célèbre par le tableau de Seurat... et par le duel au cours duquel le romancier perdit la vie. Comme Evariste Galois, Pouchkine et Robert Caze, romancier naturaliste, comme lui, et aussi oublié que lui.
Harry Alis prit un risque en situant son roman, d'une veine réaliste et fortement autobiographique,
dans une ville où chacun connaît son voisin (souvenez-vous de ce qu'il arriva à Pierre Jourde).
Extrait :
" M. le maire, qui n'était pas fâché de voir la femme, acquiesça. Boutin, au point où en étaient les choses, jugea inutile de mettre opposition. Le gendarme fut posté à la porte et les autorités visitèrent les pièces l'une après l'autre. Au premier, enfin, dans la chambre à coucher, ils trouvèrent mademoiselle Juanita, de l'Alcazar, assise en son costume de parade. Ils s'arrêtèrent interloqués. Boutin, réfléchissant aux conséquences du scandale, paraissait un peu confus. Juanita se mit à bailler, puis, ennuyée de se voir examinée comme une bête curieuse, elle dit :
Quand vous aurez fini de me dévisager ? C'est bien moi en chair et en os. Même que ça commence à m'embêter d'être calfeutrée comme ça. Ils sont pas mal gnoles vos administrés, mon petit père municipal. "
Le roman fit scandale, en effet, et Petite ville est le troisième roman que les éditions Pré-Textes font revivre, après Passage d'Angeline (Albert Fleury) et La Haine maternelle (Simone de Tervagne).
Harry Alis


samedi 4 février 2017

Alexandra au coeur

Fred Campoy et Mathieu Blanchot, Une vie avec
Alexandra David-Néel, livre 2, Grand angle,
96 pages, 16,90 €
Alexandra David-Néel (notez l'accent sur le nom composé et évitez de prononcer " nil ") est née en en 1868. De sorte que l'on fêtera l'an prochain le cent cinquantième anniversaire de la naissance de cette exploratrice, connue, notamment, pour ses Carnets d'une parisienne à Lhassa. De nombreuses manifestations marqueront l'événement et le libraire ne manquera pas de s'y associer.
En attendant, vient de paraître le deuxième tome d'Une vie avec Alexandra David-Neel qui pourra servir de mise en bouche. Tandis que l'on dégustera quelque récit de voyage récemment réédité, par exemple Au cœur des Himalayas. Le Népal.
Voici un court florilège des pensées d'Alexandra David-Néel, picorées autour de la Maison qui porte son nom à Digne.
" Négliger les petites choses sous prétexte qu'on voudrait en faire de grandes, c'est l'excuse des lâches " ; " La vérité apprise d'autrui est sans valeur. Seule compte, seule est efficace la vérité que nous découvrons nous-mêmes " ; " Il faut se garder de vouloir uniformiser les mentalités " et encore, ceci  : " Tout est vain sauf la bonté ".
Alexandra David-Neel,
Au cœur des HYmalayas,
Payot, 208 pages, 8,20 €


vendredi 3 février 2017

Chic ! René Descartes, vu par Ferdinand Alquié

Ferdinand Alquié, Leçons sur Descartes.
Science et métaphysique chez Descartes,
La Table Ronde, 286 pages, 10,20 €
Ne pas s'y méprendre : sous ce titre au sérieux tout scolaire, le philosophe Ferdinand Alquié (1906-1985) propose des analyses audacieuses et qui incitent à la réflexion buissonnière.
" Certains textes de Descartes sont encore pénétrés d'une sorte d'enthousiasme naturaliste et magique.  (...) Descartes déclare que les poètes vont plus loin que les philosophes dans la connaissance des choses, car précisément, ils se laissent porter par l'enthousiasme. Dans le Compendium musicæ, il fait appel à des notions de sympathie entre les choses, notions fort peu scientifiques, mais tout à fait voisines d'une sorte de naturalisme magique, occultiste? C'est ainsi que Descartes admet qu'une peau de mouton, tendue sur un tambour ne rend aucun son quand, à côté d'elle, on frappe sur une peau de loup. Il y a antipathie entre la peau de mouton et la peau de loup, et la peau de mouton demeure silencieuse comme si elle avait peur. "
A ce stade, le libraire ne peut s'empêcher de s'écrier : vive ce Descartes-là !
Mais, corrige aussitôt Ferdinand Alquié : " D'autres textes, au contraire (...) ne sont compréhensibles que par référence à une méthode strictement mathématique, rigoureusement définie. Cette fois, ce qui constitue le fond de ces textes, de n'est plus l'ingenium, ce n'est plus l'esprit humain considéré comme une sorte de génie, qui ne pénètre on ne sait comment les choses ; c'est la raison, ratio, qui suppose une manière stricte de conduire ses pensées par ordre. "
Reste la grande clarté des leçons du professeur Alquié : sous sa plume, dans son langage, complexité ne veut jamais dire complication.
Quelque peu oublié, il fut aussi l'auteur d'une Philosophie du surréalisme qui lui vaut à elle seule la sympathie du libraire.
René Descartes, par Franz Hals


jeudi 2 février 2017

Libre lecture de Marie-Hélène Lafon

Marie-Hélène Lafon
 
 
sera présente au numéro 5 de la rue Sornin
JEUDI 9 FEVRIER à 18H30
pour une soirée de libre lecture
parmi ses œuvres
à ne manquer sous aucun prétexte
 
 
 
 


mercredi 1 février 2017

Paris, Berlin, Franz Hessel

Franz Hessel, Berlin secret, traduit de l'allemand
par Danielle Risterucci-Roudnicky, préface de
Walter Benjamin, postface de Manfred Flügge,
Albin Michel, 178 pages, 18 €
Franz Hessel (1880-1941) était un romancier, essayiste, poète, traducteur berlinois, ami de Walter Benjamin. Il inspira à Henri-Pierre Roché le personnage de Jules dans Jules et Jim, que Truffaut adapta au cinéma, circonstance que l'on ne manque jamais de souligner lorsque le nom de Hessel se trouve prononcé.
Mais ce rappel est peut-être nécessaire pour comprendre le cadre dans lequel évoluent les protagonistes de Berlin secret, un  roman qui n'avait pas été traduit jusqu'ici en français.
C'est en effet dans la bohème dorée, quoique légèrement déchue, que nous promène ce récit qui se déroule en vingt-quatre heures. Un trio amoureux qui se forme parmi ces jeunes gens oisifs et rêveurs donne à l'œuvre son sujet apparent... et égarant.
Car c'est moins (peut-être) la comédie de mœurs qui frappe sur ces pages (le trio amoureux est une variante des plus courantes en littérature) que l'atmosphère et la langue qui s'en dégage, comme l'affirme l'excellente postface de Manfred Flügge. Sans oublier, naturellement, l'un des principaux personnages de Berlin secret : la ville elle-même, que Franz Hessel habita et dont il parcourut inlassablement les rues et les quartiers.
Hessel vécut un temps à Paris à la fin des années 1930 et s'éprit des apparences de la capitale, comme il aimait Berlin. Il est l'un des représentants de la Flaneurliteratur, une expression qui n'a pas besoin de se traduire. Le libraire a grand plaisir à le suivre dans ses flâneries autour du marché aux puces, avenue du Maine, dans la rue Mouffetard.
Ces parages sont aussi enfouis, parfois, dans le temps et la mémoire, que peut l'être Berlin sous la plume de Franz Hessel.
Franz Hessel, Flâneries parisiennes, traduit de
l'allemand par Maël Renouard,
Rivages, 144 pages, 7,15 €