mardi 24 avril 2018

Henriette et Heinrich

Patrick Fort, Le Voyage à Wannsee,
Gallimard, 192 pages, 18 €
On ne peut pas ramener le romantisme allemand du premier XIXe siècle au dénouement tragique d'une amitié -- d'un amour -- fou. Mais qu'un certain nombre de ses traits importants y soient résumés ne fait pas de doute.
Le 21 novembre 1811, les corps sans vie du dramaturge, poète et philosophe Heinrich von Kleist et de son amie Henriette Vogel sont retrouvés côte à côte. Leur mort n'est pas due à un assassinat mais à un double suicide.
Patrick Fort s'est attaché, par le truchement d'un ami commun, à reconstituer la froide détermination du jeune couple à s'anéantir ensemble. Son projet s'appuie sur des documents d'époque et sur la correspondance que Vogel et Kleist adressèrent à leur entourage, dont cette lettre stupéfiante datée du jour même de sa mort et envoyée par Henriette :  
" Mon très cher ami ! Votre amitié qui s'est avérée toujours si fidèle et si dévouée pour moi va se trouver mise à très rude et extraordinaire épreuve. Car il faut que vous sachiez que nous -- je veux dire votre ami Kleist et moi-même -- nous nous trouvons ici, sur la route de Postdam, dans l'auberge Stimming, en situation cruelle et précaire : en effet, nous sommes morts tous les deux d'une balle de pistolet, et nous attendons de la bonté d'un ami bienveillant qu'il veuille bien faire mettre en terre nos fragiles dépouilles..."
Les sentiments qui défilent dans ce roman sont à bien des égards sujets à dispute et démonétisés. La délicatesse, la douceur et la ferveur y ont plus de part que dans beaucoup d'autres. De Berlin, en novembre 1811, Henriette Vogel à Heinrich von Kleist, ces mots presque incompréhensibles : " (...) mon harmonieux, mon parterre de jacinthes, mon aurore, mon crépuscule, mon océan de douceur, ma harpe éolienne, ma rosée, mon arc-en-ciel, mon tout petit enfant sur mes genoux, mon cœur chéri, ma joie dans la souffrance, ma renaissance, ma liberté, mon esclavage, mon sabbat, mon calice d'or, mon atmosphère... "


1 commentaire:

  1. Bonjour et merci infiniment pour votre critique de mon roman "Le Voyage à Wannsee". Je tenais à vous exprimer toute ma reconnaissance pour avoir pris le temps de le chroniquer. Je le partage sur ma page Facebook de ce pas ! Belle journée à vous, Le meilleur, Patrick FORT

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