lundi 4 décembre 2017

Zoo de rêve et rêve de zoo

Charlotte Sleigh, Zoo de papier. 500 ans d'art naturaliste,
traduction Christian Vair, Citadelles et Mazenod,
256 pages, 49 €
On parle parfois d' " architecture de papier " pour qualifier des projets de construction qui n'aboutissent jamais, destinées à rester à l'état de plans ou de maquettes. Le propos du Zoo de papier est autre. Il enferme des animaux de papier, c'est-à-dire de splendides images de sciences naturelles conservées depuis le XVIe siècle. Les amis des bêtes en seront donc deux fois ravis. Le plus beau, d'ailleurs, est que ces tableaux, ces planches, ces estampes qui affichent l'intention d'être fidèles à la réalité du corps animal, de ses poils, de ses plumes, de ses cornes, des ses écailles dépassent leur rôle d'information et envahissent l'imaginaire de celui qui les regarde. Qu'ils se nomment toucan, poisson-globe, poulpe, salamandre ou loup d'Abyssinie, leur parade est merveilleuse. La science naturelle se fait poésie, la science naturelle fait rêver.
Peindre le rêve est du reste le titre d'un deuxième livre que publient les éditions Citadelles et Mazenod. Où il apparaît que le corpus des rêves peints est très fourni et qu'il est bien plaisant d'y trouver des artistes méconnus ou oubliés, comme Eugène Carrière (1849-1906), Füssli (1741-1825), Thomas Cole (1801-1848) ou, dans une moindre mesure, Odilon Redon (1840-1916). De La Tour, Gauguin, Le Lorrain et y sont présents eux-aussi, et comment !
Le libraire trouve, par ailleurs, bien dommage, et révélateur, que les peintures du rêve aient presque complètement disparues du champ artistique, comme représentation et comme processus créatif, depuis les surréalistes. C'est l'un des enseignements de ce livre et du texte très riche de Daniel Bergez.

Daniel Bergez, Peindre le rêve,
Citadelles et Mazenod, 256 pages, 69 €

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