dimanche 15 novembre 2015

Arendt poète

Hannah Arendt, Heureux celui
qui n'a pas de patrie. Poèmes de
pensée, traduit de l'allemand par
François Mathieu. Edition établie,
annotée et présentée par Karin Biro,
Payot, 240 pages, 20 €
Les poèmes qui forment ce volume n'avaient pas échappé à la vigilance des spécialistes, observe Karin Biro dans sa présentation. Mais ils ne furent jamais vraiment pris au sérieux. Une philosophe peut-elle être aussi poète ?
Poser la question c'est y répondre par la négative tant, depuis le XXe siècle, les domaines, les compétences, les activités elles-mêmes ont volé en éclats et se présentent en miettes, de plus en plus minuscules. Un géographe n'est pas un historien , ni un historien un ethnologue, ni un ethnologue un anthropologue... Inutile d'allonger la liste.
Seulement, voilà. L'humain est parfois plus complexe et, aussi bien, plus riche. Les poèmes jalonnent toute la vie d'Hannah Arendt (1906-1975) et son œuvre philosophique elle-même
" se nourrit de la parole des poètes ". C'est pourquoi  le sous-titre de ce recueil est particulièrement bien choisi et suggestif : Poèmes de pensée.
Au reste, ce sont des pièces que tout un chacun peut comprendre. ils disent ce que dit depuis le début la poésie : l'amitié, l'amour, le temps, la mort. Il en est même un qui s'intitule Sur un air de chanson populaire. Il commence ainsi :

Quand nous nous reverrons,
Les lilas blancs refleuriront,
Je t'envelopperai dans mes coussins;
Tu ne manqueras plus de rien.

Nous nous  réjouirons
Que le vin âpre et sec,
Que les tilleuls qui sentent bon
Nous trouvent encore l'un près de l'autre.
(...)

Hannah Arendt, s.d.
DR  Hannah Arendt Trust

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